Pourquoi les produits Apple sont-ils plus chers en Europe ?

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Alors que se tenait la tant attendue keynote d’Apple hier, les médias et les clients pro-Apple comme les basheurs du premier ordre s’insurgent une fois de plus sur le prix du nouvel iPhone en Europe. Un questionnement perpétuel sur la différence de prix entre les États-Unis et la France appelle donc à une clarification.

Les différentes couleurs de l'iPhone SE

Tim Cook, le (pas si) flamboyant PDG d’Apple, a dévoilé hier un nouvel iPad et un nouvel iPhone. C’est sur ce dernier que nous allons focaliser nos réflexions. L’iPhone SE est une “révolution” comme le dirait si bien la défunte marionnette de Steve Jobs. Une révolution car elle combine les performances des derniers iPhones au design de l’iPhone 5S tout en gardant un prix extrêmement bas pour un produit à la pomme.

C’est ainsi que cette nouvelle mouture est vendue à 399$ outre-Atlantique, créant un raz-de-marée dans la politique de prix du géant américain et concurrençant de plein fouet les périphériques Android. Seulement, la conversion euro-dollar nous joue des tours puisque le premier modèle est commercialisé au prix de 489€ en France et à 359£ en Angleterre, soit 454,61€ à l’heure où j’écris cet article. Une seule question : pourquoi une telle différence de prix ?

La fourberie des prix affichés

La grosse différence entre les États-Unis et le Vieux Continent réside dans l’affichage de la TVA dans le prix. Le prix de 399$ est un prix exempt de toute taxe, ce qui change une première fois la donne par rapport aux tarifs européens qui incluent les différentes taxes, la plus importante étant la taxe sur la valeur ajoutée.

Effectivement, si nous soustrayons la TVA et les autres frais du prix de vente français nous arrivons à un montant de 399€. Jackpot, nous retrouvons les fameux 399$ ! Mais attendez, un dollar n’est pas du tout égal à un euro. Au 22 mars 2016, un euro était équivalent à 1,122$, ce qui signifie que la somme de 399€ se convertissait en 447,64$, bien loin des 399$ promis par Apple.

Un plus un égal trois

La différence de prix ne réside donc pas uniquement dans une problématique de taxes mais surtout dans la protection des prix contre la fluctuation des devises. En effet, le but de toute entreprise étant de faire du profit en jouant notamment sur les marges. En affichant un prix d’une cinquantaine de dollars de plus en Europe, Apple protège ainsi ses marges contre une éventuelle fluctuation de la conversion euro-dollar qui annulerait littéralement leurs marges voire les obligerait à vendre à perte.

Imaginez un instant que demain suite à un énième scandale politico-pétrolico-guerro-financier un euro vaille deux dollars. Dans ces conditions, un européen n’aurait qu’à dépenser un peu moins de 200€ HT pour obtenir son Graal. Alors évidemment ce scénario n’est pas prêt de se produire du jour au lendemain et Apple aura le temps d’adapter sa politique de prix avant l’arrivée d’une telle catastrophe. Toutefois une fluctuation passagère et minime pourrait se produire et ainsi brûler les bénéfices de la Pomme pour une question de spéculation de devises.

Basheurs du soir, bonsoir

Alors oui, il est d’une facilité déconcertante de pousser son petit cri désepéré par tant d’injustices, tel un moineau en manque de graines. Ces américains sont vraiment avantagés, ils peuvent payer un iPhone la fraction de notre prix français. Seulement une nouvelle composante de l’équation entre en jeu.

Là où les lois européennes protègent le consommateur contre les dérives ô combien nombreuses des opérateurs téléphoniques, le système ultra-libéral américain est tout autre. L’achat d’un iPhone aux États-Unis est systématiquement lié à un contrat de 2 ans à un opérateur de téléphonie mobile. Systématiquement ? La “révolution” de cet iPhone est qu’il est le premier à pouvoir être exempt de ce type d’opération qui font partie du passé douloureux de bon nombre d’entre nous. Cependant, le contrat de 2 ans est toujours valable pour tous les autres modèles d’iPhone, le modèle SE étant simplement l’exception qui confirme la règle.

Alors avant de basher la Pomme pour son acidité, louez plutôt son doux goût de l’éternel renouvellement dans l’innovation, même invisible.